Cet ouvrage, d’abord un échec commercial qui heurte les conventions du milieu des bibliophiles, est présenté dès la seconde moitié des années 1920 comme le point de départ d’un nouvel âge du livre de luxe. Dans une parfaite union du fond et de la forme, les lithographies tirées en rose de Pierre Bonnard se mêlent sensuellement au texte à caractère souvent érotique de Paul Verlaine, et font écho aux arabesques du Garamont, typographie alors oubliée par les bibliophiles.

En effet, lorsque Vollard visite l’Imprimerie nationale, il tombe sous le charme des caractères anciens de la typographie française. Il choisit les caractères du Garamont pour son premier livre, avant même de décider du texte et de l’illustrateur. On les croit alors créés par Claude Garamont pour François Ier. Il s’agit en réalité d’une variante gravée au début du XVIIe siècle par Jean Jeannon et acquise en 1641 par l’Imprimerie royale. Arthur Christian, directeur de cette institution, fait alors exécuter de nouvelles fontes à partir des matrices d’origine, et graver de nouveaux poinçons pour les compléter.

C. R.