Jean Carriès (1855-1894) est l’un des artistes les plus fascinants de la fin du XIXe siècle. Sculpteur et céramiste autodidacte, il a su mener les matériaux - cire, plâtre, terre, bronze et grès - jusqu’à leurs limites, faisant des surfaces de ses œuvres, qu’il appelait leur « peau », l’expression de sa passion pour la matière et les tons colorés. 

Issu d’une famille lyonnaise modeste, orphelin dès l’âge de six ans, il est recueilli par une Fille de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul, la sœur Callamand. Celle-ci prend rapidement conscience de ses dons précoces et le place en apprentissage chez un fabricant d’ouvrages de piété, Pierre Vermare, à l’ombre de la cathédrale Saint-Jean. Carriès y fait ses premiers pas d’artisan, apprenant les techniques du moulage et du modelage, et éveillant sa sensibilité à la statuaire médiévale.

À la fin de l’année 1873, il part pour Paris, où il poursuit sa formation : il entre en 1874 à l’École des Beaux-Arts, dans l’atelier du sculpteur Augustin Dumont. Dans les années 1875, sa production se concentre essentiellement dans le domaine du portrait, réels ou imaginaires. Fuyant le Salon officiel dont la sélection académique correspond peu à son tempérament et ses aspirations, il choisit d’exposer ses œuvres en janvier 1888 dans un environnement privilégié, l’hôtel particulier de ses mécènes Paul et Aline Ménard-Dorian. Cette exposition d’une vingtaine d’œuvres lui vaut une vraie reconnaissance au sein des milieux littéraires, artistiques et mondains, séduits notamment par ses œuvres en cire.

Il y présente entre autres un spectaculaire autoportrait en cire, Mon portrait - aujourd’hui conservé au Petit Palais (inv. PPS387) -, où il se met en scène à mi-corps, ceint d’un tablier, tenant dans sa main gauche une statuette de gentilhomme vêtu à la mode du XVIIe siècle, autrefois identifié comme un portrait de Jacques Callot.

Malgré la richesse du fonds Carriès, la statuette Le Gentilhomme français dit Le Callot, d’une importance symbolique pour l'artiste qui l’a choisie pour apparaître dans son autoportrait, n’y figurait pas jusque-là. La récente acquisition de la statuette en plâtre patiné issue de la collection de Charles Auzoux permet ainsi de compléter cette lacune avec une pièce de très belle qualité témoignant du processus créatif de Carriès. En outre, la provenance permet de rappeler les liens de l’artiste avec ce grand ami et protecteur des artistes, en particulier des sculpteurs.

A.-C. C.

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