Renoir s’est intéressé de façon épisodique à la sculpture, mais c’est, dit-on, un échange avec Maillol en 1907 qui le fait reprendre le modelage à la fin de sa vie.

En 1913, Ambroise Vollard, son marchand attitré, lui suggère d’employer Richard Guino, jeune sculpteur étudiant sous la direction de Maillol, pour l’assister. Leur collaboration dure 5 ans, Renoir, perclus de rhumatismes, jetant sur le papier des esquisses, Guino modelant l’œuvre projetée sous la direction du maître qui agite ou qui pointe un bâton pour exprimer les modifications plastiques nécessaires, Vollard éditant les œuvres en bronze.

Venus victrix, réalisée entre 1914 et 1916, illustre le triomphe de la déesse de l’amour, sur ses concurrentes, Minerve et Junon. Elle tient la pomme que lui donna le berger Pâris, seul juge de ce concours de beauté, tout en se dévoilant dans un geste qui rappelle d’innombrables Naissances de Vénus. Le style antiquisant est l’écho de la dernière manière de Renoir : comme Maillol, Bourdelle ou Picasso à la même époque, il se tourne vers le modèle gréco-romain dans ce que l’on appellera « le retour au style », alliant réalisme et idéalisme. Ceci se traduit dans la silhouette épurée de la Vénus, dans ses mouvements doux et mesurés, dans la surface lisse et les formes rondes de son corps.

Bien plus qu’une Vénus conquérante, la Venus victrix est une baigneuse – une de celles qui traversent l’œuvre peint de Renoir. Toutes exaltent le corps de la femme avec le même mélange de plénitude des formes et de pudeur du regard baissé. Mais la tri-dimension et le matériau bronze de la sculpture ajoutent une saveur nouvelle au thème familier du vieil artiste, le dotant ainsi d’une réalité visuelle et tactile éminemment sensuelle.

A. S.

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