La Défense de Paris rend hommage à l’héroïsme des Parisiens pendant la guerre de 1870-1871. Après la défaite de Sedan et  la proclamation de la République, le gouvernement de Léon Gambetta organise la « défense de Paris ». Pendant plus de six mois, Paris assiégé résiste à l’avancée prussienne, au prix de souffrances terribles : l’hiver 1870-1871, les Parisiens sont contraints de manger jusqu’aux rats et aux moineaux… Dix ans après cet épisode tragique, le département de la Seine organise un concours pour ériger un monument en hommage aux défenseurs de la capitale.

Il s’agit de célébrer un épisode fondateur de la IIIe République et de montrer que la France, bien que vaincue, n’en reste pas moins une grande nation. « Paris n’a été vaincu que par la famine. Une pareille défaite honore plus qu’une victoire (1) » écrit un critique en 1883, lors de l’inauguration du monument en bronze, initialement situé sur le rond-point de Courbevoie.  

Près de cent sculpteurs, dont Rodin, Falguière ou Bartholdi, participent au concours pour La Défense de Paris. Le projet retenu par le jury est celui de Louis-Ernest Barrias.(1841-1905). Élève de Jules Cavelier à l’École des Beaux-Arts, prix de Rome en 1864 puis pensionnaire à la Villa Médicis, Barrias mène depuis son retour à Paris en 1870 une brillante carrière : après un premier succès avec La Jeune Fille de Mégare (Paris, musée d’Orsay), présentée au salon de 1870, il connaît la consécration au salon de 1878, avec le groupe des Premières funérailles, dont une version en marbre est présentée au Petit Palais (une autre version se trouve au musée des Beaux-Arts de Lyon).  La réalisation du monument à la Défense de Paris marque pour Barrias le début d’une longue carrière officielle : dans les années 1880-1890, il sera l’un des sculpteurs français les plus sollicités et réalisera certains monuments publics emblématiques de la « statuomanie » républicaine, comme le monument à Victor Hugo, inauguré en 1902, fondu sous l’Occupation en 1943.

Le succès de la Défense de Paris s’explique par l’aspect équilibré et harmonieux du groupe : le sculpteur parvient à mêler habilement allégorie et réalisme, monumentalité et mouvement. La Ville de Paris est représentée sous les traits d’une jeune femme tenant un drapeau, coiffée d’une tour et vêtue d’un uniforme militaire. Elle s’appuie sur un canon, tandis qu’un jeune soldat, fusil en main, la protège. A l’arrière, une fillette accroupie rappelle que le siège n’a épargné ni les femmes ni les enfants.

La Défense de Paris présentée au Petit Palais est un modèle préparatoire en plâtre, patiné pour imiter le bronze. Avant d’être versé dans les collections de la Ville de Paris, il a servi à réaliser le monument définitif toujours en place dans le quartier de la Défense – auquel la sculpture a  donné son nom. Exceptionnel témoignage de la genèse du monument sculpté, le plâtre du Petit Palais, récemment restauré, est à nouveau présenté dans les salles du musée après un long séjour en réserve. Il permet au visiteur de découvrir  le talent d’Ernest Barrias, sculpteur emblématique de la IIIe République, dont la Ville de Paris possède un fonds important, encore peu connu du grand public.

C. C.-V.
 
(1) Michel Anézo dans La France du 14 août 1883 (dossier documentaire de La Défense de Paris au Petit Palais).
Autre base documentaire

Autres bases documentaires

Découvrez une sélection de bases documentaires en ligne présentant des oeuvres du Petit Palais ou des documents en lien avec l'histoire du bâtiment et du musée.