Le choix du sujet témoigne de la glorification des grandes figures de l’Histoire nationale au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier de Jeanne d'Arc qui connaît un regain de popularité au moment de la guerre de 1870. On dresse alors un parallèle entre la situation de la France en 1429, envahie par l’armée anglaise mais sur le point de reconquérir son territoire, et celle du pays en 1870, occupé par les Prussiens mais résistant de manière héroïque à l’envahisseur.

Cette œuvre récemment restaurée permet d’apprécier la qualité du style de l’artiste, accordant une attention constante au respect des proportions et à la précision archéologique des détails. La statue de la place des Pyramides avait été accueillie par un concert de critiques en raison de la raideur et de la froideur de sa représentation militaire, à une époque où l’on parait le personnage de valeurs féminines, grâce, beauté et pureté. En conséquence, Frémiet s’attache ici à féminiser son sujet comme le montrent le moelleux du modelé sous la cuirasse, la pose agenouillée et légèrement cambrée vers l’arrière, et les longs cheveux dénoués s’échappant du voile tombant du casque.

Malgré les critiques enthousiastes, ce plâtre monumental créé comme statue tombale, ne trouve pas d’acquéreur au Salon. Il n’a donc jamais été fondu à grandeur mais réduit pour l’édition, en bronze et en biscuit de Sèvres.

H. D.