Né vers 1480 près de Bologne, le jeune Raimondi entre dans l’atelier de Francesco Squarcione, dit « Francia », où il apprend l’art du nielle et de la gravure. Il crée très rapidement ses premières œuvres personnelles et des gravures de reproduction d’après son maître.

Séjournant à Venise autour de 1506, il copie soixante-neuf gravures d’Albrecht Dürer et n’hésite pas à signer avec le monogramme du maître allemand. Selon Vasari, il est accusé de contrefaçon par la Seigneurie de la ville, Dürer ayant porté plainte contre lui.

En 1508, il séjourne à Florence où il grave les Grimpeurs d’après La Bataille de Cascina de Michel-Ange. Il s’établit à Rome en 1510 et se lie avec Raphaël dont il devient le graveur attitré, ce qui lui confère un rôle capital dans l’histoire de la gravure de reproduction. Le Massacre des Innocents figure comme le chef-d’œuvre de cette période.
Ruiné par le sac de Rome (1527) au cours duquel son atelier est dévasté, Raimondi se réfugie à Mantoue puis à Bologne, où il meurt dans la misère, avant 1534.

La gravure de cette pièce remarquable a été rendue à Marcantonio Raimondi, après avoir été longtemps attribuée à Agostino Veneziano (1490-1540), l’élève du maître, dont le rôle s’est probablement borné à achever la plaque, avant d’y ajouter son monogramme (2e état). Comme inventeur de cette scène, divers noms ont été suggérés, comme Raphaël, Giulio Romano et, récemment, Girolamo Genga. D’une genèse obscure, cette procession diabolique revêt un sens mystérieux dans ses divers éléments.

Juchée sur une monstrueuse carcasse, une sorcière, copie de celle créée par Dürer en 1500, sacrifie sans pitié des nourrissons, pour en faire philtres et onguents maléfiques. Quatre hommes musclés, dont l’un serre contre lui un enfant apeuré, tirent et poussent ce char monstrueux au milieu des roseaux et des oiseaux effrayés. À ce redoutable cortège, se sont joints un bélier, un monstre à plumes et le squelette d’un griffon agrippé par un vieillard nu. Un jeune garçon, portant dans sa besace des  enfants terrifiés, chevauche le bouc de Satan et sonne du buccin.

Dans cette image fantastique semble s’être concrétisées diverses croyances relatives à la sorcellerie, à ses pratiques infanticides, à ses sinistres sabbats et aux cavalcades nocturnes de la déesse Diane Hécate, dont les sanctuaires étaient situés dans les lieux marécageux. 

S. R. de B.

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