Voici l’un des sujets les plus classiques de la peinture religieuse occidentale, une Madone à l’Enfant, image de dévotion destinée à une église ou à une chapelle privée.
Un sujet conventionnel certes mais traité de manière innovante pour la Venise des années 1500. Les Madones vénitiennes étaient traditionnellement peintes sur un fond d’or, pour les sacraliser, à la manière des icônes. Les peintres vénitiens de la fin du XVe siècle, inspirés par les modèles toscans, osent les représenter dans des décors naturels.
Ainsi Cima de Conegliano installe la Vierge en plein air, devant un paysage qui évoque les collines du Frioul dont il est originaire. Une lumière chaude de fin d’après-midi adoucit les formes et assure le lien entre le Couple sacré et le paysage. Le peintre excelle à donner une réalité charnelle à l’ovale un peu rond du visage de cette très jeune Mère et au corps potelé de l’Enfant. Remarquez le geste gracieux et naturel de Jésus qui lève la main pour caresser la joue de Marie.
Notez enfin les superbes accords chromatiques entre les tons froids, cristallins, du paysage et les tons chauds des carnations et des vêtements. L’art de la couleur sera une des caractéristiques de la grande peinture vénitienne de la génération suivante : Giorgione et Titien se souviendront de la leçon de Cima de Conegliano.
M. A. P.
Autres bases documentaires
Découvrez une sélection de bases documentaires en ligne présentant des oeuvres du Petit Palais ou des documents en lien avec l'histoire du bâtiment et du musée.