Claude, qui se nommera lui-même « le Lorrain » en raison de son origine, a choisi de s’établir définitivement à Rome en 1627. Célèbre dès le début de sa carrière et travaillant pour les plus illustres dignitaires romains – papes, princes et cardinaux – comme pour le roi d’Espagne et pour la noblesse étrangère, Claude Gellée constitue l’exemple d’un artiste qui a autant reçu de sa patrie d’adoption qu’il lui a donné.
D’emblée Claude choisit de devenir un peintre de paysage, genre qui avait acquis son autonomie vers 1600. Ses contemporains relatent qu’il avait l’habitude de faire des excursions autour de la ville, jusqu’à Tivoli, Frascati et Subiaco, pour dessiner sur le motif. Ses dessins d’après nature, au lavis de bistre principalement, constituent l’un des chapitres les plus brillants de l’histoire de cette technique. Ces excursions se font parfois en compagnie de Nicolas Poussin (1594-1665), dont les relations avec Claude ont été amicales et professionnelles, les deux artistes s’influençant réciproquement.
En 1633, Claude devient membre de l’Accademia di San Luca de Rome et dès lors l’existence du maître, marquée d’aucun évènement saillant, est entièrement consacrée au travail.
Cette belle feuille, réapparue à la vente Wellesley en 1866, passait pour être une Vue de Prato Lungo, dans la région de Velletri. En fait, il s'agirait plutôt d’une représentation de la vallée du Tibre, en amont de Rome. Les transformations de l’époque moderne rendent impossible une identification plus précise du lieu, d’autant plus que Claude, selon son habitude, a subtilement transposé l’observation fine d’un motif précis dans un univers poétique et idéalisé.
La mise en page — un fleuve entre ses berges au premier plan et un étagement de collines doucement estompées vers les lointains — est récurrente dans l’œuvre dessiné de l’artiste, de même que l’utilisation du lavis à des fins très picturales.
Ici, les forts contrastes entre les zones d’ombre et de lumière suggèrent la chaleur d’un plein après-midi d’été, lorsqu’une certaine torpeur alanguit la nature toute entière.
Avec ses dessins d’après nature, au lavis de bistre, Claude Gellée a illustré l’un des chapitres les plus brillants de l’histoire de cette technique.
S. R. de B.
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