En mars 1890, deux ans après avoir installé ses fours à Saint-Amand-en-Puisaye dans la Nièvre, Carriès reçoit la commande dont il a toujours rêvé : un encadrement de porte gigantesque en carreaux de grès, séparant en deux l’atelier de peinture de la richissime américaine Winaretta Singer, future princesse Edmond de Polignac.
Celle-ci a accepté ce projet de Porte monumentale sur la foi d’un dessin d’Eugène Grasset, ami du sculpteur : la Porte est alors peuplée de créatures d’esprit médiéval. Mais Carriès va laisser son imaginaire transformer le projet, vite envahi d’êtres étranges qui peuplent ses cauchemars. C’est une tâche immense : ce potier autodidacte découvre le métier. Il engage des ouvriers qui font des essais de terres, d’émaux et de cuissons différentes.
A sa mort en 1894, il a achevé la maquette en plâtre grandeur nature de la Porte, mais n’a pu faire aboutir la création de l’ensemble des grès. Ainsi n’existe-t-il en grès qu’à peine un tiers des 600 carreaux de formes irrégulières prévus.
Ce carreau-ci devait recevoir un emplacement tout particulier : seul élément figuratif du revers de la Porte, il aurait regardé le visiteur pénétrant dans l’atelier de Winaretta Singer. Son aspect terrifiant est renforcé par l’émaillage habile, les yeux opaques formant contraste avec l’émail transparent de la face : il est véritablement le Gardien du sanctuaire.
A. S.
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