Don de Louis-Antoine et Véronique Prat

Le Petit Palais reçoit en don deux feuilles exceptionnelles de la collection Prat.

C’est dans le cadre de la préparation de l’exposition La force du dessin, Chefs-d’œuvre de la Collection Prat qui s’est tenue au Petit Palais du 16 juin au 4 octobre dernier que Louis-Antoine et Véronique Prat ont souhaité donner au musée une aquarelle d’Eugène Isabey et une étude de Luc-Olivier Merson.

Eugène Isabey, "La reine Victoria reçoit Louis-Philippe à bord de son yacht royal au Tréport (1843) "

Eugène Isabey, La reine Victoria reçoit Louis-Philippe à bord de son yacht royal au Tréport (1843)Autant qu’une des plus somptueuses aquarelles d’Eugène Isabey, cette oeuvre est un passionnant document historique : elle nous montre la jeune reine Victoria (elle avait tout juste vingt-quatre ans) recevant le 2 septembre 1843 à « 5 [h] ¾ du soir », au Tréport, à bord de son yacht, Louis-Philippe qui, à son tour, allait bientôt l’accueillir au château d’Eu. Isabey, qui faisait partie de la suite du roi et assistait à la scène, fit de l’événement un tableau qu’il exposa au Salon de 1844 (Paris, Musée national de la Marine).

On sait que Louis-Philippe était un fervent partisan du rapprochement franco-anglais et qu’il fit, en 1844, un voyage en Angleterre (Isabey l’accompagnait également) d’une grande importance politique. Les liens qu’il créa avec la reine Victoria amenèrent de plus cette dernière à l’accueillir en exil à Londres, avec sa famille, après la révolution de 1848.

Ce qui intéresse avant tout Isabey dans cette aquarelle, en précis reporter de la scène, c’est la description minutieuse des navires à voiles et à vapeur, des costumes des marins, les coups de canons qui saluent la rencontre. Attaché à la fidélité du détail, il sait néanmoins unir avec bonheur le pittoresque et la vérité historique.

 

Luc-Olivier Merson, "Étude pour l’Éclairage"

Luc-Olivier Merson, Etude pour l'EclairagePour le décor de l’entrée de l’escalier des Fêtes conduisant aux salons d’Honneur de l’Hôtel de Ville de Paris, Luc-Olivier Merson reçut, en 1888, la commande de huit compositions allégoriques dont, en définitive, il n’exécuta que deux : La Toilette féminine et L’Éclairage des fêtes. Pour cette dernière, on connaît, outre l’esquisse du Petit palais (PPP4139, Esquisse pour l'escalier des Fêtes de l'Hôtel de Ville de Paris : L'éclairage des fêtes), un dessin depuis 1986 au musée Joseph-Déchelette à Roanne montrant le modèle de L’Éclairage vêtu d’une robe qui lui tombe jusqu’aux pieds.

Sur le dessin Prat de très grand format, dédicacé à Paul-Henri Simons (1865-1932), un élève de Jean-Paul Laurens et de Merson, le même modèle, accompagné du génie de l’électricité, nous est présenté nu. Le peintre décède cependant avant d’avoir achevé le décor de l’escalier ; L’Eclairage est un des seuls projets qu’il a pu mener à bout. Le chantier est achevé après sa mort par Adrien Gorguet.

La virtuosité de Merson lui valut l’admiration générale et de nombreuses commandes officielles. Il incarne la tradition classique avec son savoir, son savoir-faire, son goût du décor et du décoratif. Après avoir connu le mépris, son œuvre est aujourd’hui en voie de réhabilitation.

Collection: XIXe siècle