Pour sa première participation au Salon de la Société nationale des Beaux-arts, qui vient d’être fondé à Paris, Roll présente deux grands portraits de comédiens parmi les plus populaires du moment : Jane Hading (1859-1941) et son partenaire au théâtre Ernest Coquelin (1848-1909). Ardent promoteur du naturalisme, Roll considère qu’un bon portrait est une figure bien vivante placée dans son milieu social.

Jane Hading - de son vrai nom Jeanne-Alfrédine Tréfouret – joue dès l’enfance aux côtés de son père qui se produit à Marseille, au Caire et à Alger. Arrivée à Paris, elle abandonne ses modestes rôles d’ingénue pour tenter sa chance dans l’opérette, puis au théâtre de boulevard. Son mariage avec le directeur du théâtre du Gymnase, bientôt suivi d’un médiatique divorce en 1888, en font une célébrité parisienne. Comme l’avait fait Sarah Bernhardt vingt ans plus tôt, elle ne fait qu’une courte incursion à la Comédie française en 1893.

Le théâtre de boulevard, où Jane Hading conquiert une place reconnue, nécessite des acteurs charismatiques exerçant sur le public une véritable fascination. Edmond de Goncourt vante dans son Journal la beauté de cette femme « vraiment très séduisante. Avec sa luxuriance de cheveux potassés, semblables aux cheveux mordorés des courtisanes du XVIe siècle, avec sa blancheur de peau toute particulière […] elle me rappelle beaucoup ces bustes gallo-romains du musée d’Arles où, dans le pur type grec, s’est glissée la modernité un peu canaille du physique marseillais » (18 décembre 1885).

Le style large et direct de Roll restitue avec franchise la beauté grecque de cette séduisante femme de trente ans, qui pose en robe du soir. Le paravent à décor de grues qui orne le salon, nous rappelle qu’à Paris les arts décoratifs sont gagnés par la mode du japonisme.

I.C.

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