Au caractère exceptionnel du vase répond le parti original de la composition. Privée du cadre traditionnel, elle se déroule en continu sur le pourtour de l'hydrie, gagnant ainsi en monumentalité et en sobriété. Sur une simple ligne de sol se dressent, face à face, deux personnages au centre de la face principale. Strictement de profil; ils se découpent en figure noire sur toute la hauteur de la panse : les carnations féminines sont peintes en blanc sur vernis noir. Visuellement isolés, ils sont encadrés sous les anses horizontales, à gauche par un bouc, à droite par un bélier. Sous l'anse verticale, un lion rugissant. D'abondants rehauts de blanc, de noir et de rouge complètent le dessin minutieux des incisions. Un épais trait blanc souligne le poitrail des animaux. Les inscriptions peintes, partiellement conservées, nomment les personnages, Hermès et Maïa, en lettres petites et soignées. Figure également la mention " ΚΑΡΥΣΤΙΟΣ ΚΑΛΟΣ" (Karystios est beau).

Si l'identité des personnages est ainsi assurée, l'interprétation de cette scène, unique dans le répertoire figuré, demeure problématique. La présentation d'Hermès sous des traits juvéniles, imberbe, les cheveux courts et bouclés, face à sa mère Maïa, est très inhabituelle. Généralement, le dieu est figuré sous la forme d'un enfant ou, à l'âge adulte, barbu. Le choix des animaux - bouc, bélier, lion - semble suggérer plutôt le rôle de divinité psychopompe d'Hermès. La représentation d'un personnage ordinairement représenté dans sa maturité, sous des traits juvéniles, est un procédé auquel l'artiste a recouru plus d'une fois.

Le décor d'applique qui rehausse le sommet et l'attache verticale est tout aussi rare. En particulier la tête de lion qui domine l'anse, reprenant sous forme plastique le motif graphique du lion rugissant. A deux reprises, pour deux vases à fond blanc décorés par Psiax et rehaussés de figures en applique, ont été notées les affinités existant entre le style du peintre et celui du plasticien. Cette observation vaut également ici. L'imbrication de la forme, de la technique et du décor est telle qu'on ne peut écarter l'hypothèse d’un peintre-potier. Considérant ce que Psiax doit à son maître, le peintre d'Amasis, qui fut très probablement potier et peintre, et la part de la formation d'Euphronios, son élève le pus brillant, lequel débuta comme peintre et termina potier accompli, cela ne semble pas irréaliste.

Comme souvent, ce vase n'est pas signé. Sur l'ensemble des œuvres qui lui sont attribuées, deux alabastres seulement portent la signature de Psiax, l'un provenant d'Athènes, conservé à Carlsruhe, l'autre à Odessa.

P. P.-H.

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