Charles Girault a pourtant mené une carrière exemplaire au tournant du dernier siècle, à Paris et à Bruxelles. Il peut d’autant mieux être mis à l’honneur que le Petit Palais a reçu, en 2012, une importante donation provenant des descendants de l’architecte. Une partie de la donation – dont L’Espérance, modèle de la superbe mosaïque du Tombeau de Pasteur- est présentée ici pour la première fois, au côté de dessins, de peintures, de sculptures et de médailles issues des collections du Petit Palais.
D’origines modestes, Charles Girault commence comme apprenti serrurier. Ses talents de dessinateur l’incitent à se présenter à l’École des Beaux-Arts où il est admis dans l’atelier d’Honoré Daumet. Prix de Rome en 1880, il entame une carrière parisienne à son retour de la Villa Médicis en 1884. Le tombeau de Pasteur, édifié en 1896, lui vaut son premier succès public. La même année, à quarante-quatre ans, Charles Girault est nommé, à l’issue d’un concours, architecte du Petit Palais. La responsabilité est de taille puisqu’il s’agit de réaliser l’un des deux seuls monuments pérennes de l’Exposition, avec le Grand Palais dont Girault coordonne également les travaux. Le Petit Palais s’inscrit au cœur d’une perspective prestigieuse, entre les Champs-Élysées, les Invalides et la place de la Concorde. L’enjeu pour l’architecte est double : il lui faut imaginer un projet en harmonie avec les monuments qui l’entourent. Mais il lui faut aussi inventer un édifice moderne, qui réponde à sa future affectation, être le « Palais des beaux-arts de la Ville de Paris ».
Charles Girault parvient à relever brillamment le défi : cet architecte au parcours académique sans faute, conçoit le Petit Palais comme un « musée modèle » qui associe avec élégance les références classiques, le style Art Nouveau et les innovations techniques, comme l’usage du béton armé. Depuis 1900, le Petit Palais suscite l’admiration des visiteurs, nombreux à s’émerveiller devant les morceaux de bravoure que constituent la grille d’entrée, dessinée par l’architecte, les mosaïques du vestibule, la colonnade et les fresques du jardin intérieur ou les rampes en fer forgé des escaliers d’angle.
NOUVEL ACCROCHAGE DANS LES COLLECTIONS
Cécilie Champy-Vinas, Isabelle Collet, Susana Gállego Cuesta, Dominique Morel, conservateurs au Petit Palais