Ce portrait de vieil homme assis a été peint durant le court séjour de Gauguin en Arles. Du 23 octobre au 26 décembre 1888 le peintre s’installe dans l’atelier du Midi à l’invitation de Van Gogh. Les deux artistes y vivent et travaillent ensemble de manière très intensive.

Gauguin arrive de Pont-Aven où il venait de peindre une toile exceptionnelle intitulée Vision du sermon (Edimbourg, National Gallery of Scotland ). S’éloignant définitivement de l’impressionnisme, il élabore un style original et intensifie ses couleurs qu’il utilise de manière arbitraire.

De son côté Vincent, installé dans le sud de la France depuis février 1888, peint de lumineux tournesols. Il est aussi accaparé par la réalisation d’autoportraits et de portraits : « Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec je ne sais quoi d’éternel dont autrefois le nimbe était le symbole » (Lettre de Vincent à Théo, 3 septembre 1888). C’est dans cet état d’esprit qu’il peint en août 1888 un portrait de Patience Escalier, vieux bouvier de Camargue, devant un fond orange vif, suggestion selon Vincent d’un soleil couchant. La position des mains du vieil homme croisées sur le bâton se retrouve presque à l’identique dans le tableau  peint par Gauguin durant les dernières semaines de leur cohabitation.

Un détail iconographique confirme la réalisation du Vieil homme au bâton dans la maison d’Arles : le fauteuil sur lequel s’appuie le bras gauche est identique à celui peint dans une nature morte par Van Gogh en novembre : La chaise de Gauguin (Amsterdam, Van Gogh Museum)  et reconnaissable dans plusieurs portraits de cette période. Durant ces mois d’hiver, les pluies et le vent glacial imposent de travailler en intérieur. Les deux amis peignent souvent ensemble dans l’atelier du rez-de-chaussée, face au modèle assis dans le fauteuil. Les séances de pose se prolongent la nuit, à  la lumière des lampes à gaz.

Autre indice permettant d’attribuer cette œuvre au séjour arlésien, la grosse toile à sac de couleur brune achetée en quantité par Gauguin et utilisée alors par les deux habitants de la maison Jaune. Gauguin, dont la technique diffère des empâtements généreux de Vincent, a peint avec peu de matière, ce qui laisse transparaître par endroit la teinte et les irrégularités de cette toile de jute. Seuls le visage, la tête et les mains ont été retravaillés et présentent des touches plus épaisses. Ce portrait, non signé, est probablement resté inachevé.

I. C.

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