Trois achats par préemption

Le Petit Palais a pu acquérir une peinture de Jules Bastien-Lepage et deux sculptures de Jean Carriès et Ville Vallgren lors de la vente de la collection de Charles Auzoux le 24 mars dernier.

Exerçant la profession d'avoué à Paris, Charles Auzoux a rencontré de très nombreux artistes des années 1880 jusqu'à sa mort en 1922, qu'il a soutenu de leur vivant et dont il s'est efforcé de diffuser l'oeuvre après leur décès. Il s'est également constitué une importante collection d'oeuvres d'art, conservée par ses héritiers jusque-là, et qui vient d'être dispersée par la maison de vente Artcurial.

 

A cette occasion, le Petit Palais a pu acheter un Portrait du peintre émailleur Alfred Garnier par Jules Bastien-Lepage qui montre la prédilection précoce du peintre pour le portrait intime. Ce tableau sensible est aussi le témoignage d’une triple amitié entre Bastien-Lepage, Alfred Garnier et Charles Auzoux. Le premier offrit son portrait au second, qui à son tour le légua au troisième. Comme l’explique le catalogue de vente, « cette œuvre s’avère être l’une des pièces maîtresses de la collection de Charles Auzoux car elle réunit sous le même lot deux de ses amis les plus proches. » Ce portrait rejoint donc avec profit les nombreux portraits d’artistes acquis par le musée au fil du siècle : Portrait d’Henri Guérard par Jaques-Émile Blanche, récemment restauré, celui de Rodin par François Flameng, de Jean Carriès par Louise Breslau, ou encore, parmi les acquisitions très récentes, le Portrait de Loÿs Delteil par Paul Mathey.

 

Jean Carriès, Le Gentilhomme français, dit Le Callot. © Artcurial

 

A cette acquisition s'ajoute celle d'un plâtre patiné de Jean Carriès, Le Gentilhomme français dit Le Callot, version autonome de la statuette présentée par Carriès dans son autoportrait. Le Petit Palais, qui conserve un très riche ensemble d'oeuvres de Carriès grâce au don de l’architecte-décorateur, céramiste et collectionneur Georges Hoentschel en 1904, n'en possédait pas d'exemplaire jusque-là. L’entrée au musée de cette statuette issue de la collection de Charles Auzoux permet ainsi de compléter une lacune avec une pièce de très belle qualité témoignant du processus créatif de Carriès. En outre, sa provenance permet de rappeler les liens de l’artiste avec ce grand ami et protecteur des artistes, en particulier des sculpteurs.

 

 

Enfin le Petit Palais a pu préempter un Grotesque de Ville Vallgren (1855 - 1940), un sculpteur d’origine finlandaise naturalisé français en 1902. Ville Vallgren appartient au cercle des sculpteurs influencés par l’Art nouveau et doués autant pour la sculpture que pour les arts décoratifs. À l’image de Carriès, il s’intéressait également beaucoup à l’aspect de surface de ses créations, dont il soignait particulièrement la patine. Ce Grotesque, signé et daté de 1892, s’inscrit parfaitement dans la production symboliste plus tourmentée de l’artiste, avec cette figure hybride déformée et noueuse, à la patine brune raffinée. Cette acquisition, très représentative des sculpteurs « fin-de-siècle », l’un des points forts de la collection, permet de faire entrer au musée un sculpteur international, un axe d'enrichissement des collections que le Petit Palais souhaite développer, dans la lignée de la programmation d’expositions d’art nordique proposées ces dernières années.

 

 

Ces trois acquisitions sont complétées par un ensemble d'archives et de lettres autographes signées d'Aimé-Jules Dalou, l'un des sculpteurs phares des collections du Petit Palais.

S. D. de V. et A.-C. C. Mise en ligne le 21/04/2022

Collection: Paris 1900