Le charmant visage de mademoiselle Fiocre est un exemple du talent de Carpeaux, qui nous a laissé une remarquable galerie de portraits du Second Empire.

En 1870, Eugénie Fiocre, première danseuse de l’Opéra de Paris, est au faît de sa carrière : elle est alors l’interprète délicieuse de Coppélia. Carpeaux exécute ce buste lorsqu’il travaille à La Danse, bas-relief pour la façade de l’Opéra, l’une de ses œuvres majeures ; le marbre, exposé au Salon de 1870, sera admiré par les Goncourt.

Plutôt que de la montrer en ballerine – comme l’avait fait Degas quelques années auparavant – Carpeaux représente Eugénie Fiocre comme il représente ses modèles habituels, duchesses, marquises, ou princesses : le buste lisse sort des plissés agités d’un drapé emprunté aux plus beaux portraits de l’ère baroque, juché sur un piédouche classique.

Cette formule élégante met en valeur tous les bustes féminins de Carpeaux ; ici, rendant hommage à la courbe de son dos, à la finesse de ses traits, à son nez mutin, à sa beauté captivante, il parvient aussi à saisir ce que sera son modèle.

En effet, le sort des danseuses n’était pas enviable au XIXe siècle : la misère, la déchéance, la prostitution les guettait au sortir de l’Opéra. Eugénie Fiocre fut une heureuse exception : elle fit un beau mariage après une carrière remplie de gloire.

A. S.

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