En 1889, Léon Lhermitte est choisi pour réaliser une peinture monumentale destinée à l’Hôtel de Ville de Paris. Le peintre propose de traiter un sujet moderne, l’approvisionnement des Halles, bousculant ainsi la tradition du décor allégorique.

Originaire de Picardie, Lhermitte est un maître du naturalisme, courant artistique qui se développe en France à la fin du 19e siècle, à la suite de Courbet et sous l’influence des romans de Zola. Le peintre se veut témoin de son temps et dessine sur le vif des scènes de la vie quotidienne, qui lui servent ensuite à peindre de grandes compositions. Il représente ainsi en 1882 La paye des moissonneurs (musée d’Orsay), avec laquelle il rencontre son premier grand succès. Il compte alors parmi les personnalités du monde artistique qui prennent part à la défense de l’art indépendant face à l’inertie des institutions académiques.

Le Carreau, où se déroule la scène peinte par l'artiste, est un marché annexe installé en plein air. Il était destiné à la vente des fruits et des légumes livrés dans la nuit par les cultivateurs et les jardiniers-maraîchers des environs de Paris. Le périmètre était ouvert aux clients de 4 heures à 10 heures du matin. On reconnait parmi la foule les forts qui portent une blouse en grosse toile bleue et un chapeau en cuir jaune à larges bords. Ils assuraient le déchargement des charrettes vers les étals et le contrôle de la circulation des marchandises. De statut inférieur, les porteurs transportaient les marchandises achetées par les clients. Leur costume se différenciait par la blouse, la casquette haute et les deux médailles délivrées par la préfecture de police dont ils dépendaient. Les marchandes de soupes et de café assuraient de quoi nourrir et réchauffer ceux qui étaient arrivés dans la nuit.

L’œuvre fait sensation au Salon de 1895 et à l’Exposition universelle de 1900. En 1904, elle est transférée au Petit Palais qui vient d’être inauguré et présentée dans la grande galerie des peintures située au rez-de-jardin. Entreposée et roulée dans une réserve durant une partie du XXe siècle, l’œuvre est restée à l’abri des regards durant plus de quatre-vingt ans. Sa restauration, qui a bénéficié du mécénat du Marché International de Rungis, a duré quatre mois.

Ayant retrouvé toute sa vivacité, cette œuvre illustre l’effervescence de la vie parisienne à la Belle époque. Tandis que le quartier des Halles est en pleine rénovation, le tableau de Léon Lhermitte nous permet de retrouver à l’aube du XXIe siècle l’activité industrieuse et populaire du Paris de Zola.

I.C.

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