Peintre et dessinateur, théoricien d’art, graveur sur bois et sur cuivre, Dürer figure parmi les plus grands créateurs de l’art occidental.

Né à Nuremberg en 1471, le jeune Albrecht entre vers l’âge de douze ans dans l’atelier de son père, un orfèvre d’origine hongroise. Après un apprentissage chez un peintre local, le jeune homme accomplit son tour de compagnonnage dont les étapes sont Colmar — où il arrive malheureusement après la mort de Schongauer —, Bâle et Strasbourg.
Désireux d’enrichir la tradition germano-flamande de sa formation par l’apport de la Renaissance italienne, Dürer se rend à deux reprises en Italie, en 1495 - 1496 et en 1505 - 1507. Émule  des artistes du Cinquecento, il étudie et met en application les règles qui régissent les proportions du corps de l’Homme et du Cheval, ainsi que la mise en perspective scientifique de l’espace.
Mis à part un voyage aux Pays-Bas en 1520 - 1521, Dürer vit et travaille à Nuremberg — centre de l’humanisme germanique — où son activité et sa production sont intenses et multiples.

Sur cette gravure, un fier chevalier en armure chevauche à travers un défilé sauvage, en compagnie de son chien fidèle. Le lointain château fortifié constitue le but de son voyage mais deux apparitions semblent vouloir l’en détourner : la Mort, montée sur une étique haridelle et brandissant le sablier du Temps, tente de lui barrer le chemin. Armé d’une pique, le Diable à groin de pourceau tente d’agripper le cavalier par derrière. Si le superbe destrier renâcle, le guerrier semble ne pas voir — ou bien il ignore délibérément — ces deux monstres hideux.

La saisissante beauté de cette création et la mélancolie qui l’habite ont engendré une durable fascination et également un débordement d’interprétations. Celles-ci appartiennent à deux catégories et ont autant de défenseurs l’une que l’autre. Selon la première famille de pensée, Dürer a représenté un soldat brigand comme le célèbre Philippe Rinck, incarnation du reître infernal, tout à la fois victime et complice de la Mort et du Diable qui s’apprêtent à l’entraîner dans leur chevauchée maudite.
Selon la seconde tradition, l’héroïque cavalier de Dürer figure le chevalier chrétien, vainqueur de ses deux ennemis traditionnels, la Mort et le Diable.
Il semble que le noble couple de l’homme et du cheval — celui-ci admirablement construit selon les canons classiques — transmette l’idée d’une invincible marche en avant, triomphant des obscures fantasmagories du Néant et du Mal.

S. R. de B.

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