Au Salon de 1847, la Femme piquée par un serpent (Musée d’Orsay) du jeune Clesinger fait scandale.

Les critiques attaquent l’oeuvre tant sur le plan moral que technique. L’indécence du sujet - une femme nue se tordant sur un lit de roses, un serpent s’enroulant autour de son poignet -, est en effet rehaussé par le traitement exagérément réel des chairs, inspiré dit-on d’un moulage sur nature des formes généreuses d’Apollinie Sabatier, célèbre demi-mondaine amie des artistes romantiques. 

Pour apporter un démenti à cette dernière accusation, Clesinger sculpte dès la fin de l’année 1847 cette Bacchante couchée, variante un peu plus grande que nature de la Femme piquée par un serpent. L’œuvre exposée au Salon de 1848 est ainsi commentée par Théophile Gautier, romancier et critique d’art proche de Mme Sabatier : « c’est le pur délire orgiaque, la Ménade échevelée qui se roule aux pieds de Bacchus, le père de liberté et de joie […] Un puissant spasme de bonheur soulève par sa contraction l’opulente poitrine de la jeune femme, et en fait jaillir les seins étincelants… ». Il conclut son article en l’appelant « un des plus beaux morceaux de la sculpture moderne ».

Le terme « moderne » nous étonne aujourd’hui : il désigne sans doute à la fois l’approche réaliste du sculpteur et l’exagération proprement romantique du mouvement de torsion.

La Bacchante obtient une médaille de première classe et procure au sculpteur le titre de Chevalier de la Légion d’honneur, sans pour autant faire l’unanimité dans la critique. Lors de sa présentation à l’Exposition universelle de 1851, le jury anglais déplorera une imagination « pervertie, mise au service d’une sensualité de bas étage ».

A. S.

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