Ville Vallgren (1855 - 1940) est un sculpteur d’origine finlandaise, qui obtient la nationalité française en 1902. Comme son compatriote le peintre Albert Edelfelt (1854-1905), il fait partie de cette génération d’artistes nordiques fascinés par Paris. Au prestige du passé s’ajoute la conception répandue dans l’Europe entière d’une Ville-Lumière, capitale de cette France aux idées d’avant-garde, ferment des révolutions européennes de 1848 et promotrice de l’idéal républicain, terre d’audace et de progrès. 

Ville Vallgren quitte donc la Finlande pour Paris en 1877. Âgé de vingt-deux ans, il découvre l’effervescence culturelle de la capitale française, creuset des nouvelles tendances de l’art, avec ses ateliers, ses expositions, ses cafés et ses salons mondains. La première porte est celle de l’École nationale des Beaux-Arts , où les étrangers sont admis comme élèves libres dans certains ateliers. Vallgren intègre ainsi celui du sculpteur Pierre-Jules Cavelier (1814-1894). Malgré cette formation académique, sa sensibilité le porte davantage vers le mouvement symboliste. Il participe ainsi au premier Salon de la Rose+Croix en 1892 à la galerie Durand-Ruel, au côté de nombreux artistes, comme les Français Alexandre Séon (1855-1917), Alphonse Osbert (1857-1939) et Antoine Bourdelle (1861-1929), le belge Jean Delville (1867-1953), l’Allemand Carlos Schwabe (1866-1926) ou les Suisses Niederhausern, dit Rodo (1863-1913) et Ferdinand Hodler (1853-1918). 
 
En 1889, il participe à l’Exposition universelle de 1889, où son haut-relief du Christ lui vaut d’être remarqué par l’homme politique et historien Gabriel Hanotaux (1853-1944) : « Un petit morceau grand comme deux mains, mais si puissant, si doux, si expressif que ça a été le coup de foudre. Je suis resté longtemps à essayer de percer le secret de cette vision extraordinaire, de ce sourire à fleur de dents, de cette expression mystique, perçant à travers des yeux mi-clos ». L’artiste et l’amateur d’art se lient d’amitié et Hanotaux ouvre à son protégé les portes des cercles parisiens, notamment celles du célèbre salon d’Aline Ménard-Dorian.

Ville Vallgren appartient au cercle des sculpteurs « fin-de-siècle » influencés par l’Art nouveau et doués autant pour la sculpture que pour les arts décoratifs, un domaine où il s’illustre particulièrement, produisant des objets d’art décorés de femmes-fleurs, mais aussi des cheminées et des chenets, des luminaires et de l’argenterie pour une clientèle privée. À l’image d’un Carriès, il s’intéressait également beaucoup à l’aspect de surface de ses créations, dont il soignait particulièrement la patine. 

Connu pour ses gracieuses figurines féminines, il s’illustre aussi dans une veine plus mélancolique, inspirée de la mythologie finlandaise, comme dans La Douleur (musée d’Orsay, inv. RF4371), relief se référant à la célèbre légende du Kalevala. Le Grotesque que vient d'acquérir le musée, signé et daté de 1892, l’année même où Ville Vallgren participe au premier Salon de la Rose+Croix, s’inscrit parfaitement dans la production symboliste plus tourmentée de l’artiste, avec cette figure hybride déformée et noueuse, à la patine brune raffinée.  

A.-C. C.

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