Pierre-Félix Fix-Masseau (Lyon, 1869-Paris, 1937) appartient au cercle des sculpteurs « fin-de-siècle »,  influencés par l’Art nouveau et doués autant pour la sculpture que pour les arts décoratifs. Lyonnais de naissance, comme son aîné Jean Carriès (1855-1894) dont il se rapproche par bien des aspects - son goût pour l’étrange mais aussi son attrait pour les matériaux rares et les patines raffinées- Fix-Masseau se forme d’abord à Dijon et à Lyon avant de venir étudier à Paris, dans l’atelier du sculpteur Gabriel-Jules Thomas. Il expose régulièrement au Salon des Artistes français puis à la Société nationale des Beaux-Arts dans la décennie 1890-1900 et remporte  plusieurs prix et distinctions, dont notamment en 1897 une bourse de voyage qui lui permet de visiter Florence et Naples – les critiques de l’époque vantent d’ailleurs la grâce de ses bustes féminins, qui témoignent de son admiration pour Botticelli et les peintres de la Renaissance florentine. 

Connu pour ses gracieux portraits féminins,  Fix-Masseau s’illustre aussi dans une veine plus sombre.   « Sculpteur de l’étrange », Fix-Masseau a « le don de l’hallucination, du cauchemar, puisé à la lecture de Poë » (Henri Frantz, « Fix-Masseau, sculpteur », L’Art décoratif, mars 1900, p. 235). L’Emprise dont le Petit Palais vient d'acquérir une rare et grande version en bronze, est certainement le chef-d’œuvre de l’artiste dans cette veine tourmentée, typique du symbolisme « fin-de-siècle » et décadent. L’œuvre, dont le modèle en plâtre teinté fut exposé au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de 1894, avant d’être à nouveau présenté l’année suivante en grès émaillé (dans une version réalisée en collaboration avec le céramiste Edmond Lachenal), représente une jeune femme, cheveux épars et tête repliée, qui tente vainement de repousser cinq masques grimaçants – de probables allégories des péchés capitaux ou d’effrayants symboles des passions humaines. Cette œuvre, à la sensualité énigmatique, témoigne merveilleusement de l’influence qu’exercèrent sur Fix-Masseau les cercles de l’avant-garde symboliste, fascinés par le thème de la névrose féminine qu’étudiait à la même époque Jean-Martin Charcot. 

L’Emprise obtint lors de son exposition aux Salons de 1894 et 1895  un réel succès. « L’Emprise, traduite en grès par Lachenal, hante mon souvenir comme elle-même, blanche et blonde fleur de chair, se courba[nt] frileusement sous les masques verdâtres des cauchemars : un Rubens mystique » écrit ainsi le critique Raymond Bouyer dans la revue L’Artiste en 1897.  Comme Le Secret, exposé en 1894 et acquis tout de suite par l’Etat, L’Emprise fut éditée en bronze par la maison Siot-Decauville, en deux tailles (57 et 80 cm de hauteur) : l’exemplaire qui vient de rejoindre les collections du Petit Palais est une grande version, beaucoup plus rare sur le marché que la petite. 

C. C.-V.

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