D'Or et de Laque

Alors que le « Quadrilatère Richelieu », site historique de la Bibliothèque nationale de France, est entré dans une nouvelle phase de sa rénovation, son département des Monnaies, médailles et antiques, disposant d’une série unique de grands meubles médailliers, a généreusement accepté de confier au Petit Palais quatre d’entre eux, les plus insignes de cet ensemble, afin qu’ils puissent continuer à être admirés du public.

Ainsi, au milieu des boiseries des galeries Tuck consacrées au XVIIIe siècle, figureront trois majestueux médailliers de cette même époque. Le plus célèbre (salle 10) est celui que le grand ébéniste Charles Cressent (1685-1767) réalisa pour le duc Louis d’Orléans (1703-1752) – le fils du Régent – dans les années 1739-1740. Derrière les battants de cette armoire à deux corps se cachent 68 minces tiroirs qui accueillaient alors plus de huit cents médailles d’or et un nombre considérable d’intailles antiques. Leurs poignées, les serrures, les charnières et autres ornements de bronzes dorés qui soulignent le décor de placage de bois précieux marquent par leur luxe le caractère inestimable de cette collection que le meuble renfermait.



Les deux médailliers dit « médailliers Pellerin » présentés dans la salle suivante (salle 8) ont appartenu à un grand érudit, Joseph Pellerin (1684-1782) qui entendait magnifier le fruit d’une vie de recherches assidues pour réunir et classer sa collection numismatique. Cette dernière fut d’ailleurs acquise en bloc par Louis XV avec ces meubles. Les deux armoires ont la particularité d’être bâties à partir de précieux panneaux de laque, enchâssés, pour la première, dans un décor de marqueterie Boulle des années 1720, tandis que, pour la seconde, les éléments d’un grand paravent de Coromandel sont enrichis de bronzes dorés de style rocaille des années 1730.

.Crédit : Pierre Antoine Crédit : Pierre Antoine

Le quatrième meuble est beaucoup plus tardif puisqu’il ne remonte qu’à la fin des années 1870. Il s’agit non d’un médaillier mais d’une vitrine japonisante, en palissandre du Brésil, ornée de bronze dorés, oeuvre d’Édouard Lièvre (1828 -1886). Il témoigne en cela de l’autre vague exotique qui influença les arts décoratifs européens lorsque le Japon s’ouvrit au monde moderne sous l’ère Meiji. Cette pièce rejoindra les espaces du rez-de-chaussée (salle 21) du musée non loin d’autres objets de même inspiration comme le service de table conçu par le graveur Félix Bracquemond.

Crédit : Pierre Antoine

Le prêt exceptionnel de ces quatre meubles historiques de la Bibliothèque nationale de France sera l’occasion pour le public de découvrir ces trésors méconnus. Le Petit Palais les accompagnera d’autres pièces de ses collections tirés de ses réserves, dont trois magnifiques tapisseries de L’Histoire de l’Empereur de Chine, tissées à la manufacture de Beauvais à la fin du XVIIe siècle et déroulées pour l’occasion.